humeur du 18/10/2012
La normopathie se définit comme le trait d’une personnalité qui se conforme aux normes sociales de son époque sans se poser de questions, ni éprouver de culpabilité, de contrainte ou de frustration. Sans que, jamais, sa subjectivité ne s’exprime d’une quelconque manière.
Même le mal, lorsqu’il est érigé en dogme, comme ce fut le cas à certaines périodes de l’Histoire, peut se répandre sans résistance chez les normopathes. C’est ce qu’a évoqué Hannah Arrendt, spécialiste des dictatures et génocides du XX° siècle, sous le terme de « banalité du mal ».
Pour l’ingénierie biomédicale qui a désormais remplacé la médecine clinique, le normopathe est un patient idéal qui se conforme à tous les mots diagnostiques et à toutes les décisions thérapeutiques sans jamais émettre le moindre doute. Le normopathe finit par ne plus savoir s’il est porteur d’une maladie individuelle, car ses douleurs et ses symptômes sont ceux que la médecine lui a attribués.
Après un scanner, le normopathe perd sa souffrance subjective pour assumer celle que lui dicte la subjectivité du radiologue. Le normopathe accepte sans rechigner toutes les amputations des parties de son corps où l’anatomopathologiste a détecté une cellule suspecte.
Son cousin, le nosophobe diffère par la part de rêve et de romantisme dont le normopathe est dépourvu. La nosophobie (noso = maladie) est la peur omniprésente d’attraper la maladie dont on parle. Beaucoup d’étudiants en médecine ont eu une courte période de nosophobie devant l’énumération sans fin des maladies possibles. Le nosophobe se soumet à tous les dépistages organisés, sa peur du H5N1 ou d’autres virus est proportionnelle à la durée de leur exposition médiatique, il ressent les déficits cognitifs et les excès de cholestérol dès que les épouvantails pharmaceutiques les brandissent.
Les normopathes et les nosophobes sont une aubaine pour le commerce médical, car ils permettent de multiplier les actes à l’envi. Dans notre système inflationniste de paiement à l’acte, indépendant de la teneur de l’acte, les normopathes et les nosophobes finissent toujours par dompter les praticiens les plus récalcitrants au lucre… Ma maison, comme celle de mes confrères médecins, radiologues ou chirurgiens a été largement financée par les normopathes et les nosophobes. Nous ne les remercierons jamais assez.
Le ministère de la santé devrait tenter d’éradiquer la nosophobie avant même de s’attaquer à toutes les autres pathologies. La Sécurité Sociale devrait faire la chasse aux normopathes, ces dilapidateurs de deniers publics. Or, il n’en est rien, le Ministère stimule la nosophobie par le truchement des médias qui relaient sa démagogie et la Sécurité Sociale donne des primes aux médecins qui dépistent les maladies inconsistantes que les normopathes endosseront avec discipline. Allez comprendre !
On ne peut même plus montrer du doigt les médecins cupides qui s’engraissent sur le dos des normopathes et des nosophobes, car ils le font avec la bénédiction du Ministère et les encouragements de la Sécurité Sociale…
Et toujours plus de résidences secondaires vacantes, ouvertes deux semaines par an, vont venir polluer notre littoral...
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