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Risque réel du syndrome d'hyperactivité infantile

humeur du 10/01/2008

Risque réel du syndrome d'hyperactivité infantile

La mode éditoriale du syndrome d'hyperactivité infantile ( TDAH ) n'est pas un hasard, car chacun perçoit, derrière cette nouvelle maladie, l'occasion de fougueux débats épistémologiques et politiques. Si les plus polémistes des psychiatres ont envie de contester la réalité biologique d'un tel syndrome, ils seraient bien imprudents de le faire. On ne peut qu'évoquer les imprudences historiques et ridicules de certains psychanalystes qui avaient osé contester la réalité organique de certaines maladies ; citons entre autres : la mère schizophrénogène de Fromm-Reichmann, l'autisme par carence affective de Bettelheim ou la schizophrénie issue des névroses parentales de Françoise Dolto.

Cette agonie de la psychanalyse ne doit nous réjouir que sur deux points : d'une part, la fin d'un impérialisme intellectuel mérite d'être saluée, d'autre part, les mères ont dû être ravies d'apprendre qu'elles n'étaient plus la cause de ces deux terribles maladies. Cependant, restons vigilants sur ce champ libre laissé aux chimistes et aux généticiens, qui, enfin libérés de l'impérialisme psychanalytique, vont pouvoir s'adonner à leurs obsessions synaptiques et à leur ivresse génétique.

Aujourd'hui, les plus humanistes des cliniciens sont encore obligés de choisir entre le dogme du gène ou le dogme du psy. Cette guéguerre durera certainement aussi longtemps que les pharmacologues auront le pouvoir, car la synapse est la seule cible qui se laisse manipuler sans trop rechigner.

Cela me conduit à deux réflexions.

L'autisme et la schizophrénie avaient été parfaitement décrits dans les traités de médecine de l'antiquité, alors que rien n'évoque l'existence d'un quelconque TDAH décrit pour la première fois en 1870. Sachant que les mères existaient déjà dans l'antiquité, il est possible de supposer timidement que de nouveaux facteurs socioculturels puissent avoir favorisé l'émergence de cette maladie chez nos chérubins et son épidémie dans notre nosologie.

Ma deuxième réflexion concerne la Ritaline dont il n'est pas question de contester ici la probable utilité, malgré le danger de sur-diagnostic et de sur-traitement auquel expose chaque nouveau médicament de ce type.

En effet, le risque, bien plus redoutable et plus insidieux, de ces nouvelles molécules est celui de la négligence progressive, vite acceptée par tous, des autres pistes thérapeutiques et étiologiques. Les cent-vingt années de silence écoulées entre les premières descriptions du TDAH et la commercialisation de la Ritaline nous prouvent bien que seule la chimie est aujourd'hui capable de susciter la médiatisation et la recherche et de financer leur avenir. Les autres pistes n'auront jamais, pour les piètres cliniciens que nous sommes devenus, cette perfection mercatique et causale.

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