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La science prise en grippe

humeur du 20/09/2016

Comme chaque année, l’assurance-maladie envoie les documents de prise en charge gratuite du vaccin antigrippal aux personnes de plus de 65 ans.

Les vaccinations restent la plus belle avancée de la médecine et probablement l’un des premiers facteurs du gain d’espérance moyenne de vie à la naissance dans nos pays.

Bien qu’il n’ait qu’une efficacité partielle (estimée à 60%) et ne puisse éradiquer cette pathologie en raison de la grande mutabilité du virus, le vaccin antigrippal a probablement limité certaines épidémies ainsi que l’étendue des grippes saisonnières. Par ailleurs, les effets secondaires restent négligeables. Mes lectures des études et méta-analyses me portent, sans enthousiasme, à être plutôt favorable à cette vaccination et à sa promotion.

 

Depuis quelques années, hélas, notre pays constate un net recul du taux des vaccinations en général. J’ai déjà consacré plusieurs rubriques à la vaccination, dont une au thème de l’obligation vaccinale comme facteur paradoxal de diminution des couvertures vaccinales.

Une autre raison de la désaffection vaccinale pourrait provenir des arguments promotionnels eux-mêmes. Le message qui accompagne le document de cette année en est une parfaite démonstration : « Plus de 90% des décès attribués à la grippe concernent des personnes de plus de 65 ans. »

Cette phrase argumentaire est dépourvue de toute information épidémiologique, puisque 90% des décès dans toutes les pathologies, infectieuses, tumorales, neurodégénératives ou cardiovasculaires concernent, fort heureusement, des personnes de plus de 65 ans. Les seules exceptions notables concernent la traumatologie de la route, du sport ou du travail.

 

Pourquoi, en matière de santé, nos ministères ont pris l’habitude d’infantiliser nos concitoyens en choisissant la trivialité mercatique plutôt que l’information éclairée ?

Pourquoi toujours agir comme si nos concitoyens étaient plus stupides en matière de santé qu’ils ne le sont dans d’autres domaines aussi importants pour leur quantité et leur qualité de vie (profession, logement, etc.) ?

Pourquoi ne pas corréler les taux de mortalité avec les taux de couverture vaccinale ou comparer les taux de mortalité entre le groupe des vaccinés et celui des non-vaccinés. Ces informations seraient plus riches d’enseignement et plus respectueuse des capacités cognitives de leurs destinataires. Le fait de ne pas les indiquer peut même laisser supposer qu’elles sont indisponibles ou non pertinentes.

Quel dommage que la science soit toujours au second plan dans l’information sanitaire, jusqu’à ne plus se rendre compte de la vacuité d’un message indiquant que le risque de mourir est supérieur après 65 ans.

Bibliographie

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