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AVC et microbiote

dernière mise à jour le 31/01/2017

Le microbiote intestinal contrôle la réponse neuro-inflammatoire après un AVC

Les ischémies cérébrales induisent des réactions locales neuroinflammatoires, et une activation immune périphérique rapide et  localisée des cellules T. De plus, des travaux récents ont également suggéré que les maladies autoimmunes étaient liées au microbiote intestinal par modulation de l’homéostasie immunitaire.

V Singh et coll. ont voulu explorer plus avant le lien potentiel entre ischémie cérébrale aiguë, altérations du microbiote intestinal et réponse immune après lésions cérébrales.

En utilisant différents modèles d’occlusions d’artères cérébrales sur des modèles murins, l’équipe allemande a observé 3 jours après un AVC sévère, des altérations de la composition du microbiote intestinal. Une diminution significative de la diversité des espèces et une croissance augmentée des Bacteroidetes phylum ont été identifiés comme des signatures de dysbiose du microbiote post AVC en association avec des dysfonctionnements de la barrière intestinale et une réduction de la mobilité intestinale.

La transplantation fécale est neuroprotectrice après AVC

Des souris sans flore intestinale ont été colonisées par transplantation fécale issue de microbiotes provenant soit de souris en état d’ischémie cérébrale post AVC soit de souris avec un microbiote normal. Puis ces souris transplantées ont été soumise à  un AVC expérimental. Il a été observé que, dans le 1er groupe, le volume lésionnel ischémique et des déficits fonctionnels neurologiques étaient plus marquées.

De plus, au niveau immunologique, la recolonisation des souris avec un microbiome dysbiotique induisait une polarisation pro-inflammatoire cellulaire T dans le compartiment immunitaire intestinal et dans le cerveau ischémique. En outre, l’équipe a pu prouver la migration des lymphocytes intestinaux dans le cerveau ischémique.

Dans une autre expérience, les chercheurs allemands ont provoqué une ischémie expérimentale puis effectué des  transplantations fécales chaque jour, ce qui  a permit la réduction des lésions après AVC massif. Ceci est associé à une augmentation du nombre des cellules T reg  Foxp3+ dans les organes immuns périphériques et les tissus ischémiques.

Ainsi, la transplantation fécale de microbiote normal améliore les lésions cérébrales et par conséquent le pronostic des AVC. Ces résultats suggèrent un nouveau mécanisme dans lequel le microbiote intestinal est la cible des altérations systémique induite par les AVC.

L’axe « intestin-cerveau », un domaine émergeant en neuroscience et neuroimmunologie

La transplantation fécale normalise la dysbiose post AVC et est associée à une amélioration du pronostic. Il a été montré que la dysbiose du microbiote est à l’origine de modifications dans l’homéostasie cellulaire T, dans l’induction d’une réponse pro-inflammatoire et dans la détérioration du pronostic des AVC.

Ceci montre une nouvelle et complexe interaction entre le cerveau et le microbiote intestinal.

Abstract de Sylvie Coito paru dans le JIM du 27/07/2016

Bibliographie

Singh V, Roth S, Llovera G, Sadler R, Garzetti D, Stecher B, Dichgans M, Liesz A
Microbiota Dysbiosis Controls the Neuroinflammatory Response after Stroke
J Neurosci. 2016 Jul 13;36(28):7428-40
DOI : 10.1523/JNEUROSCI.1114-16.2016

Médecine évolutionniste (ou darwinienne)

Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique

Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon. Voir ICI

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