humeur du 23/09/2018
Voyant Pygmalion fol amoureux de la sculpture qu’il venait de réaliser, Aphrodite la transforma en femme afin que le sculpteur puisse l’épouser. L’effet pygmalion, issu de cette mythologie grecque, désigne une prophétie auto-réalisatrice positive. Inversement, Golem est un humanoïde hideux, issu de la mythologie juive. Il est soumis à son maître et dépourvu de libre-arbitre. L’effet Golem est une prophétie auto-réalisatrice négative.
Ces prophéties auto-réalisatrices sont régulièrement constatées dans des études en sciences cognitives. Lorsque les expérimentateurs s’attendent à des résultats positifs, les sujets testés ont de meilleurs résultats. Et inversement, si l’environnement est plus suspicieux, ils obtiennent de moins bons résultats aux tests.
En médecine, cela peut aller encore plus loin. Après avoir appris qu’ils possèdent le gène ApoEε4 connu pour augmenter le risque de maladie d’Alzheimer, des sujets sains de 50 à 90 ans obtiennent de moins bons résultats aux tests cognitifs que des sujets possédant ce même gène sans en avoir été informés. Quant aux sujets informés qu’ils ne possèdent pas ce gène, ils ont de meilleurs résultats que ceux qui ignorent s’ils le possèdent ou non.
Ainsi, ce n’est pas le gène qui détermine les performances cognitives, mais le fait d’en être informé ou non.
Nous supputions déjà l’inutilité et l’absurdité de recherches génétiques chez des personnes saines et sans antécédents familiaux, voici que nous en découvrons la nocivité.
Une autre étude a utilisé l’échelle de Ryff pour évaluer « l’élan vital » et le « bien-être psychologique » chez 4500 personnes. Elle a montré une corrélation positive entre cette évaluation et deux indicateurs sanitaires mesurés 4 ans plus tard : la force de préhension (la poigne) et la vitesse de marche.
En ce qui concerne la poigne, une méta-analyse d’une cinquantaine d’études conclut qu’elle est un excellent révélateur de l’âge biologique et de l’état de santé des personnes vieillissantes. Dans le même registre, une cohorte d’adolescents, suivis pendant 25 ans, révèle que ceux dont la force de poigne est inférieure à la moyenne semblent avoir un risque un peu plus élevé de mortalité cardio-vasculaire et de suicide.
Les cliniciens n’ont pas besoin de telles études pour confirmer certains faits qui leur semblent évidents. Néanmoins, ces études, bien que surprenantes ou amusantes, ont une méthodologie rigoureuse qui peut conforter les cliniciens dans certaines conduites. Pour éviter l’effet Golem et renforcer l’effet pygmalion, ils éviteront les bilans, analyses et enquêtes génétiques chez leurs patients de plus de 60 ans, tout particulièrement à ceux qui ont une bonne poigne. Quant à ceux qui une mauvaise poigne, ils pourront judicieusement leur conseiller de remplacer le temps passé à faire et à commenter ces analyses par du temps de marche. Tout en renforçant ces conseils par une vigoureuse poignée de main.
Kim ES, Kawachi I, Chen Y, Kubzansky LD
Association Between Purpose in Life and Objective Measures of Physical Function in Older Adults
JAMA Psychiatry. 2017 Oct 1;74(10):1039-1045
DOI : 10.1001/jamapsychiatry.2017.2145
Lineweaver TT, Bondi MW, Galasko D, Salmon DP
Effect of knowledge of APOE genotype on subjective and objective memory performance in healthy older adults
Am J Psychiatry. 2014 Feb;171(2):201-8
DOI : 10.1176/appi.ajp.2013.12121590
Sanderson WC, Scherbov S
Measuring the Speed of Aging across Population Subgroups
PLoS One. 2014; 9(5): e96289
DOI : 10.1371/journal.pone.0096289
Silventoinen K, Magnusson PK, Tynelius P, Batty GD, Rasmussen F
Association of body size and muscle strength with incidence of coronary heart disease and cerebrovascular diseases: a population-based cohort study of one million Swedish men
Int J Epidemiol. 2009 Feb;38(1):110-8
DOI : 10.1093/ije/dyn231
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La Providence a été extrêmement bienveillante et généreuse avec nous, en nous fournissant un certain soulagement, même si ce n'est pas un remède, pour nos douleurs les plus intenses et nos malheurs extrêmes. Lorsque notre patience est à bout, et nos douleurs devenues insupportables, nous avons à portée de la main un médicament qui n'est pas uniquement un soulagement momentané, mais un miracle continuel et durable. Seul celui qui l'a longtemps désiré et a ressenti son aide douce et amicale pendant les souffrances atroces peut parler de ses merveilleux effets et de la grande bonté de Celui qui nous l'a octroyé. Je veux parler de l'opium et de sa solution, le laudanum.
― George Cheyne en 1720