dernière mise à jour le 19/12/2020
30% à 70% des nouveau-nés présentent une dermatose bénigne qui s’estompe progressivement après quelques jours de vie. Elle se présente sous forme de quelques papules et de plaques d’érythème parfois assez grosses notamment au niveau des fesses. Malgré son caractère bénin et transitoire, il a bien fallu donner un nom à ce motif fréquent de consultation. Ce phénomène a été nommé étrangement : « érythème toxique du nouveau-né ». L’adjectif « toxique » laisse supposer que l’on avait une idée de l’étiologie, mais en réalité on a toujours ignoré la cause de cette dermatose.
Connue depuis des siècles, les anciens l’attribuaient, soit au « mauvais sang » transmis de la mère à l’enfant (pauvre mère !), soit, plus logiquement, au contact de la peau du nouveau-né avec le méconium. Puis, Leiner, un dermatologue du début du XX° siècle a supposé qu’elle pouvait provenir de l’absorption d’entérotoxines alimentaires passant par le lait maternel.
Plus récemment, on a évoqué une allergie en raison de la présence d’une hyperéosinophilie transitoire. Cette hypothèse allergique a été vite écartée, car l’hyperéosinophilie est fréquente, voire naturelle, à cet âge. De façon plus savante, on a aussi évoqué une forme mineure de maladie « du greffon contre l’hôte » (graft versus host disease ou GVH) qui serait liée à la persistance de lymphocytes maternels dans le sang du nouveau-né. Cette hypothèse a également été écartée, car l’érythème toxique affecte préférentiellement les premiers nés, on n’y constate pas la classique atteinte palmo-plantaire des GVH et les signes histologiques sont absents.
L’explication actuelle la plus sérieuse résulte de la constatation d’une grande quantité de peptides anti-microbiens sur la peau du nouveau-né, afin de le protéger contre les infections, lors du contact prolongé de la peau fœtale avec les sécrétions vaginales pendant le travail. Ces peptides provoquent toujours un afflux de cellules comme les éosinophiles et de certaines cytokines pro-inflammatoires.
Ainsi, l’érythème toxique du nouveau-né ne serait que la manifestation du rôle anti-infectieux de la peau, tel qu’il se manifeste naturellement dès la naissance. Moralité, lorsqu’il n’existe aucune explication « médicale », il ne faut jamais oublier d’évoquer la nature et l’évolution.
Liu C, Feng J, Qu R, Zhou H, Ma H, Niu X, Dang Q, Zhang X, Tian Z
Epidemiologic study of the predisposing factors in erythema toxicum neonatorum
Dermatology. 2005;210(4):269-72
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
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