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Violence médicamenteuse

humeur du 22/02/2014

violence médicamenteuse

Dans son dernier numéro, la revue « Prescrire » publie une synthèse internationale des observations de comportements violents dus à des médicaments.

Malgré les progrès réels de la pharmacovigilance française depuis 10 ans et quelques scandales pharmaceutiques très médiatisées, le réflexe clinique de pharmacovigilance n’est encore pas passé dans les mœurs de notre pays, très grand consommateur de médicaments.
Devant un symptôme inopiné, patients comme médecins envisageront toutes les hypothèses diagnostiques avant de penser à évoquer l’effet secondaire possible d’un médicament.
Pourtant, en gériatrie, par exemple, penser d’abord aux effets indésirables des prescriptions médicales permet facilement de diviser par deux le nombre de consultations et d’examens inutiles.

 

Mais incriminer, de façon certaine, un médicament, n’est jamais simple ; cela nécessite une méthode rigoureuse, imposant de tester le sevrage et la réintroduction, ce qui n’est pas facile en pratique courante.
Dans le cas de comportements violents pouvant aller jusqu’au meurtre, il est évidemment bien plus difficile d’affirmer la responsabilité d’un médicament. Les crimes et délits ne sont pas des objets épidémiologiques comme les autres !

 

La synthèse que propose cet article ne concerne que les cas avérés, elle est rigoureuse, prudente et très documentée. Ce qu’elle révèle est inquiétant, surtout au sujet des psychotropes, dont notre pays est friand. Les nouveaux antidépresseurs (ISRS) et les benzodiazépines sont les premiers pourvoyeurs de conduites violentes inhabituelles, dont plusieurs centaines d’homicides où la relation est établie avec certitude. Dans le cas des benzodiazépines, il est encore plus difficile d’envisager une relation causale puisque ces médicaments sont supposés être tranquillisants !

Parmi les autres médicaments courants responsables de violence, il faut citer les corticoïdes, certains médicaments du sevrage tabagique, les neuroleptiques, la dopamine, la testostérone, ou encore certains antiallergiques, l’interféron et des dérivés de l’atropine.

 

Nous connaissons déjà très bien le risque de suicide induit par les antidépresseurs, et dans un pays comme le nôtre, où l’orthodoxie freudienne est encore vivace, les psychiatres ne doivent pas rechigner à introduire plus de pragmatisme dans l’analyse de certaines agressions physiques et verbales, car tout psychotrope peut servir de détonateur.

 

Difficile d’admettre que des médicaments remboursés par la Sécurité Sociale puissent contribuer à perturber l’ordre public, pourtant ils peuvent expliquer des violences conjugales ou routières, et certains homicides.
Les médecins, les experts, les juges et les policiers pensent couramment à l’alcool et aux drogues illicites, mais ouvrent-ils assez souvent le placard à pharmacie des suspects ?

Bibliographie

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