humeur du 12/01/2025
La nosographie est le classement des maladies. En psychiatrique elle est particulièrement instable et contestable, au point que les médecins osent à peine formuler des diagnostics. Le cas de l’autisme est emblématique de cette valse-hésitation.
Anciennement nommés « débiles mentaux », ces enfants sont devenus « autistes » dans les années 1940, lorsque Kanner et Asperger ont tenté d’en classer les symptômes. Ils ont constaté que plus de la moitié d’entre eux n’étaient pas débiles et qu’inversement, certains avaient de véritables dons intellectuels. Confirmant cette incroyable diversité, les nosologistes ont remplacé la notion de « maladie » par celle de « trouble », popularisant le terme de « trouble du spectre autistique » (TSA) dans les années 2000.
Les causes restent inconnues. Les généticiens avaient obstinément cherché un gène coupable, sans déceler le moindre suspect. Les psychanalystes avaient résolu le problème à leur habituelle façon en accusant la mère de carence affective. Bref, la science avait plutôt reculé, laissant patients et familles dans le désarroi ou la honte.
Puis à la fin du XXe siècle, dans le cadre général de la lutte contre les discriminations, avec de dynamiques associations de parents soutenues par certains pédopsychiatres, le pronostic d’une majorité de TSA s’est considérablement amélioré. Thérapies comportementales, accès à l’école, à la vie sociale, aux jeux et aux sports, accès aux médias et à la vie professionnelle, changement du regard des parents et de la société tout entière. Tout y a contribué.
La maladie d’Asperger a eu tous les honneurs de la presse au point d’en devenir presque enviable. Dans les consultations génétiques, on a même vu de malheureux parents dont l’enfant était atteint d’une maladie rare, espérer que l’on porterait le diagnostic d’Asperger sur leur enfant. Les TSA ont ensuite été ennoblis par d’illustres porteurs tels que Cédric Villani le mathématicien, Greta Thunberg la militante écologiste ou le brillant philosophe Joseph Schovanec. On alla même jusqu’à chercher le « trouble » chez les génies du passé. Pourquoi pas Darwin et Einstein ! L’irrépressible contagion sociale était en train de transformer la discrimination négative en discrimination positive.
La nosographie a encore vacillé. On a tendance aujourd’hui à parler de « troubles du neurodéveloppement », ce qui est assez vague, puisque cela peut s’appliquer aussi bien à la schizophrénie qu’à la myopie.
On a enfin forgé le terme de « neuro-atypie » conduisant une association d’autistes en 2004 à nommer inversement « neurotypiques » tous ceux qui n’ont aucune forme d’autisme et à les décrire avec un humour jubilatoire : « Le syndrome neurotypique est un trouble neurobiologique caractérisé par une préoccupation excessive pour les problèmes sociaux, un délire de supériorité et une obsession du conformisme. ».
Depuis qu’Elon Musk a avoué son TSA, leur réhabilitation sociale est parachevée puisqu’ils comptent aussi de vrais cons parmi eux.
Par catégorie professionnelle | |
Médecins | 27% |
Professions de santé | 33% |
Sciences de la vie et de la terre | 8% |
Sciences humaines et sociales | 12% |
Autres sciences et techniques | 4% |
Administration, services et tertiaires | 11% |
Economie, commerce, industrie | 1% |
Médias et communication | 3% |
Art et artisanat | 1% |
Par tranches d'âge | |
Plus de 70 ans | 14% |
de 50 à 70 ans | 53% |
de 30 à 50 ans | 29% |
moins de 30 ans | 4% |
Par motivation | |
Patients | 5% |
Proche ou association de patients | 3% |
Thèse ou études en cours | 4% |
Intérêt professionnel | 65% |
Simple curiosité | 23% |
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A l'aide des sciences expérimentales actives, l'homme devient un inventeur de phénomènes, un véritable contremaître de la création; et l'on ne saurait, sous ce rapport, assigner de limites à la puissance qu'il peut acquérir sur la nature, par les progrès futurs des sciences expérimentales.
Maintenant reste la question de savoir si la médecine doit demeurer une science d'observation ou devenir une science expérimentale. Sans doute la médecine doit commencer par être une simple observation clinique. Ensuite, comme l'organisme forme par lui-même une unité harmonique, un petit monde (microcosme) contenu dans le grand monde (macrocosme), on a pu soutenir que la vie était indivisible et qu'on devait se borner à observer les phénomènes que nous offrent dans leur ensemble les organismes vivants sains et malades, et se contenter de raisonner sur les faits observés. Mais si l'on admet qu'il faille ainsi se limiter, et si l'on pose en principe que la médecine n'est qu'une science passive d'observation, le médecin ne devra pas plus toucher au corps humain que l'astronome ne touche aux planètes. Dès lors l'anatomie normale ou pathologique, les vivisections, appliquées à la physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique, tout cela est complètement inutile. La médecine ainsi conçue ne peut conduire qu'à l'expectation et à des prescriptions hygiéniques plus ou moins utiles; mais c'est la négation d'une médecine active, c'est-à-dire d'une thérapeutique scientifique et réelle.
― Claude Bernard