lucperino.com

Vaccins, pourquoi ne fait-on pas comme pour les médicaments ?

humeur du 30/05/2017

Les vaccins constituent la plus belle victoire de la médecine. Jusque dans les années 1970, les vaccins avaient une place à part dans le marché sanitaire. Leur mise sur le marché était initiée par des instituts ou des ministères, leur rentabilité était faible et ils jouissaient d’une image vierge de tout conflit d’intérêts. Tous les médecins en étaient des promoteurs, fervents, discrets et efficaces.

C’est dans ce contexte qu’ont pu être introduits avec une grande efficacité des vaccins non obligatoires (rougeole, oreillons, rubéole, coqueluche, méningite à haemophilus, etc.) avec des taux de couverture vaccinale à peu près identiques aux taux des vaccins obligatoires.

Progressivement, plusieurs éléments sociaux sont venus modifier la sociologie vaccinale et ternir l’image idyllique de la vaccination. Nous pouvons les résumer en quelques points :

- Les nouveaux médias et l’utilisation de la polémique comme générateur d’audimat ont donné un grand pouvoir aux sectes anti-vaccinales.

- Le marché a commencé à s’intéresser à ce secteur considéré jusqu’alors comme peu attractif.

- De nouveaux vaccins ont été mis sur le marché pour des pathologies dont l’impératif de santé publique n’apparaissait pas urgent d’emblée à tous les médecins (pneumocoque, méningocoque, HPV).

- Enfin, quelques maladresses ont levé des suspicions sur de possibles effets secondaires et de possibles conflits d’intérêts (Hépatite B, grippe H1N1).

L’image de la vaccination s’est dégradée en France, car les ministères n’ont pas adapté leur communication à ces nouvelles données sociétales. Mais la plus grave erreur est de toujours considérer les vaccins en bloc ; ce qui est compréhensible de la part des sectes, mais ne l’est pas de la part des ministères et des médecins. Le vaccin antigrippal n’a pas la même efficacité que le vaccin antipolio, les vaccins anti-méningocoque ou anti-rotavirus n’ont pas le même intérêt public que le vaccin antidiphtérique ou anti-hépatite B.

Il est important de se référer à ce qu’est vraiment un problème de santé publique. Une maladie, un risque ou une habitude sont des problèmes de santé publique lorsqu’ils sont assez fréquents et assez graves. L’alcoolisme, la grippe, la tuberculose, le tabagisme, la prématurité, la dépression ou la maladie d’Alzheimer  sont des problèmes de santé publique. La varicelle est fréquente mais elle n’est pas grave, elle n’est donc pas un problème de santé publique. La méningite à méningocoque est grave, mais elle n’est pas fréquente, elle est un grave problème de santé individuelle, mais elle n’est pas un problème de santé publique.

Nous devons encourager nos ministères à faire pour les vaccinations ce qu’ils ont réussi à faire pour les médicaments avec les fameux niveaux de SMR (service médical rendu). Il est urgent de rompre avec le dogmatisme vaccinal, inventons le SPR (service public rendu) pour juger les vaccins.

 

 

 

RARE

Site médical sans publicité
et sans conflit d'intérêts.

 

Vous aimerez aussi ces humeurs...

Rencontre insolite - Au cours d’une promenade d’été, j’ai fait la rencontre la plus singulière de ma carrière. [...]

Tout l'or de la psychiatrie - Dans notre pays immensément riche, l’armée, la recherche, la police, la justice, [...]

Contorsions neurologiques et psychiatriques - En 1968, la neurologie et la psychiatrie ont été séparées, car l'une répondait au modèle [...]

Courte histoire du diagnostic - Dans l’antiquité, le diagnostic avait une valeur divinatoire qui donnait un sens à la [...]

Vive mon ADN poubelle - Tout individu vivant s’inscrit dans une double hiérarchie. Une première hiérarchie, [...]

La phrase biomédicale aléatoire

Nous pouvons dire qu'en matière biologique, c'est le pathos qui conditionne le logos parce qu'il l'appelle. C'est l'anormal qui suscite l'intérêt théorique pour le normal. Des normes ne sont reconnues pour telles que dans des infractions. Des fonctions ne sont révélées que par leurs ratées. La vie ne s'élève à la conscience et à la science d'elle-même que par l'inadaptation, l'échec et la douleur.
― Georges Canguilhem

Haut de page