humeur du 17/05/2015
La biologie a classé et nommé les comportements sociaux caractéristiques des espèces.
Les solitaires ne se rencontrent que pour la reproduction et ne s'occupent pas des enfants. Les grégaires forment des communautés temporaires sans but de reproduction ou de soin aux juvéniles. Dans la subsocialité, comportement de loin le plus courant, les animaux s’occupent de leurs petits, et l’on parle de colonialité lorsqu’ils se regroupent pour cette tâche sans pour autant s’occuper des enfants des autres. La communalité est une colonialité où certaines tâches sont mises en commun, c’est le cas des otaries et des Homo Sapiens (même des non-communistes).
Enfin l’eusocialité est une forme de vie commune où la reproduction n'est confiée qu'à quelques individus, c’est le cas des abeilles, des fourmis, des rats-taupes et des loups. Dans cette forme élaborée de socialité, les géniteurs sont sélectionnés par le groupe, ou bien ils s’imposent eux-mêmes par leurs qualités de domination, cette sélection génotypique et phénotypique est favorable à l’espèce.
L’adoption est une forme d’eusocialité où des adultes inaptes à procréer participent aux soins de juvéniles issus de géniteurs plus aptes.
Homo sapiens est donc une espèce communale et eusociale, mais il vient de franchir une nouvelle étape comportementale, encore dépourvue de nom biologique, connue sous le terme de « gestation pour autrui ». Ce comportement n’est pas vraiment nouveau, il empreinte aux modèles du coucou qui fait couver ses œufs par d’autres, des parasites qui se reproduisent aux dépens d’un autre, voire des parasitoïdes qui finissent par tuer l’hôte qui les a portés. Mais dans tous ces cas, les hôtes gestants ne sont pas consentants.
Nous pourrions nommer cette nouvelle socialité « eusocialité parasite » puisque les gestantes ne font pas partie du groupe social des géniteurs, mais cette appellation serait malséante pour les deux parties. Nommons-là donc « eusocialité symbiotique », cela fera plaisir aux sociologues, aux progressistes, aux démagogues, aux conservateurs, aux paroissiens, aux transhumanistes, aux constitutionnalistes, aux médiateurs et à tous ceux qui n’ont pas d’avis précis sur les étiquettes.
Cette nouvelle socialité interpelle cependant le biologiste pour deux raisons majeures. La gestante n’est pas sélectionnée sur son phénotype dominant puisqu’elle est rémunérée pour cette servitude. Les géniteurs n’ont pas un génotype positivement sélectionnable puisque c’est précisément un déficit procréateur qui les amène à un tel choix.
Bref, toute cette machinerie sociale ne me dit rien qui vaille pour l’espèce. Restons cependant optimistes, car l’épigénétique et la complexité nous ont déjà protégés de bien pire !
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