dernière mise à jour le 10/02/2025
Pourquoi les humains possèdent-ils un canal génital tordu ?
Le canal de naissance humain relativement étroit a probablement évolué comme un « compromis » entre les capacités de parturition, le soutien des organes internes et la marche bipède. Mais ce n’est pas seulement la taille du canal génital, mais aussi sa forme complexe et « tordue » qui est un casse-tête évolutif.
Cette étude présente de nouvelles perspectives sur l’évolution de ce canal génital féminin vers une forme aussi complexe. Elle suggère que la forme ovale longitudinale du canal génital inférieur est bénéfique pour la stabilité des muscles du plancher pelvien.
Chez la plupart des femmes, la partie supérieure, ou entrée, du canal génital a une forme ovale ronde ou transversale (de gauche à droite), ce qui est considéré comme idéal pour la parturition, mais on ne sait pas pourquoi la partie inférieure du canal génital a une forme ovale longitudinale prononcée (de l’avant vers l’arrière). Cette forme en torsade oblige le bébé à pivoter lorsqu’il passe dans ce canal génital dont l’étroitesse augmente encore le risque de complications à l’accouchement.
Par rapport aux humains, les singes ont un schéma d’accouchement relativement facile qui ne nécessite pas de rotation du bébé grâce à la forme ovale longitudinale du canal génital à l’entrée et à la sortie. Pour l’accouchement, il serait beaucoup plus facile d’avoir un canal de naissance de forme uniforme également dans notre espèce comme chez les singes. Au lieu de cela, la forme humaine torsadée induit un mécanisme d’accouchement complexe et rotatif : le bébé doit pivoter pour aligner la dimension la plus longue de sa tête avec la dimension la plus large de chaque plan du canal génital. Un désalignement peut entraîner une dystocie du travail et entraîner des risques pour la santé de la mère et du bébé.
Une équipe de recherche a émis l’hypothèse que la fonction de soutien des muscles du plancher pelvien, qui sont insérés à la partie inférieure du bassin et jouent également un rôle important dans la fonction sexuelle et la continence, peut avoir influencé l’évolution de la forme du canal génital. L’équipe a effectué une modélisation biomécanique approfondie du plancher pelvien et a constaté que les plus fortes déformations se produisent dans les planchers pelviens de forme circulaire ou ovale transversale, tandis qu’un allongement ovale longitudinal augmente la stabilité du plancher pelvien.
Ces résultats démontrent que le canal pelvien inférieur oval longitudinalement est bénéfique en termes de stabilité. Cependant, ce résultat incite à se demander pourquoi l’entrée du canal pelvien n’est pas également allongée longitudinalement.
Traditionnellement, on a supposé que la dimension transversale du bassin humain est limitée pour l’efficacité de la locomotion verticale. Nous soutenons que l’allongement transversal de l’entrée pelvienne a évolué en raison des limites du diamètre avant-arrière chez l’homme imposées par la posture d’équilibre droite, plutôt que par l’efficacité de la locomotion bipède. Une entrée longitudinalement plus profonde nécessiterait une plus grande inclinaison pelvienne et une lordose lombaire, ce qui compromettrait la santé de la colonne vertébrale et la stabilité d’une posture droite. Ces différentes exigences de l’entrée et de la sortie pelviennes ont probablement conduit à l’évolution d’un canal de naissance torsadé, obligeant les bébés humains à tourner pendant l’accouchement.
Stansfield, E., Fischer, B., Grunstra, N.D.S. et al
The evolution of pelvic canal shape and rotational birth in humans
BMC Biol 19 224 2021
DOI : 10.1186/s12915-021-01150-w
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
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Plus un acte médical exige l'intervention du spécialiste ou d'une infrastructure coûteuse, plus il devient probable :
1/ que l'espérance de vie du patient ne sera pas affectée par l'acte.
2/ que la période d'invalidité du patient augmentera.
3/ que le patient aura besoin de traitements additionnels pour l'aider à supporter les dommages, mutilations, angoisses et douleurs provoqués par l'intervention médicale.
― A. L. Cochrane