dernière mise à jour le 19/10/2015
Le cortisol est la principale hormone du stress. Son taux augmente sensiblement dans toutes les situations de stress, chez tous les primates, humains et non humains.
L’observation des macaques révèle que les singes les plus stressés sont ceux qui occupent les rangs hiérarchiques intermédiaires. Le dosage du cortisol dans les selles, le lendemain de séances d’observations, a montré une augmentation de cette hormone après des comportements liés aux stress (gifles, menaces, poursuites).
Ces comportements sont observés chez les singes occupant des rangs hiérarchiques intermédiaires, car leur position les conduit à gérer plusieurs conflits à la fois. Par exemple, si la nourriture vient à manquer, ils doivent à la fois se protéger des singes de rang supérieur, qui viennent la leur prendre, et ils tentent de la subtiliser aux macaques de rang inférieur. Cela augmente le niveau de stress. Alors que les individus situés aux extrêmes de la hiérarchie n’ont qu’un seul type de conflit à gérer.
Chez les babouins, les dosages des hormones de la reproduction et du stress, montrent que les individus les plus élevés dans la hiérarchie sont moins stressés que les autres ; et ils le sont d'autant moins que leur autorité est incontestée et qu'ils harcèlent leurs subordonnés.
Ces observations sont transposables à l’homme, dans diverses autres situations sociales. Les personnes occupant des niveaux hiérarchiques intermédiaires, convoitent des rangs supérieurs et exercent leur autorité sur les personnes des rangs inférieurs.
Une étude conduite chez des fonctionnaires a montré, de la même façon, que le taux de cortisol et le niveau d’anxiété était d’autant plus bas que le rang hiérarchique est élevé.
Pour mieux garder le contrôle de soi, ce n’est pas la nature des tâches qui importe, mais ce sont les conditions dans lesquelles elles sont accomplies. Si une personne a les moyens et la liberté de faire ce qu'on lui demande, elle garde le sens du contrôle. Le stress résulte du sentiment d'incapacité à garder le contrôle d'une situation
La même étude montre que les dirigeants les moins stressés sont ceux qui ont le plus grand nombre de subordonnés, et dont l'autorité est incontestée. Le prestige et le sentiment de puissance est associé à un meilleur contrôle et à moindre stress qui peut être la fois la cause et la conséquence des hautes positions hiérarchiques.
Les évènements de début de vie jouent un rôle déterminant sur le contrôle du stress à l'âge adulte. Plus l’environnement d’un enfant est stable et rassurant, plus il devient capable de garder le contrôle face à des situations stressantes à l'âge adulte. Cette meilleure résistance peut aussi expliquer l'accès plus facile à de plus hautes positions hiérarchiques.
Ces études révèlent donc des résultats contraires à l'idée reçue selon laquelle le niveau de stress est lié à la charge de travail et au degré de responsabilité.
L'anxiété liée au stress a des effets néfastes à long terme. Un taux trop régulièrement et longtemps élevé de cortisol provoque d’autres modifications biologiques délétères à terme, susceptibles de favoriser le diabète, les maladies cardiovasculaires, ainsi que des cancers.
La médecine actuelle ne prend pas assez en compte les facteurs psychosociaux et l'histoire de vie individuelle, elle tend à considérer et à traiter la maladie dans l’instant sans en rechercher ni les causes profondes ni la maîtrise sur un plus long terme.
Edwards k
Monkey study reveals why middle managers suffer the most stress
General and comparative endocrinology; 2 avril 2013
Mary C
Chez les singes, les classes moyennes sont sous presssion
Le monde, cahier sciences et médecine, 4 avril 2013
Sherman GD, Lee JJ, Cuddy AJC, Renshon J, Oveis C, Gross JJ, Lerner JS
Leadership is associated with lower levels of stress
PNAS, vol. 109 no. 44, (ocotber 30 2012), 17903–17907
DOI : 10.1073/pnas.1207042109
Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique.
Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.
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