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Dimorphisme sexuel chez Homo Sapiens.

dernière mise à jour le 07/03/2015

Le dimorphisme sexuel chez homo sapiens est-il dû à la hiérarchie des genres ?

En comparant les données et modèles des diverses recherches en biologie et sciences sociales, nous constatons qu’il manque toujours une hypothèse scientifique convaincante sur le dimorphisme sexuel chez homo sapiens. Cette lacune est probablement due à l’absence d’interdisciplinarité entre les divers domaines de recherche concernés.

Le dimorphisme statural et sexuel d’homo sapiens reste toujours considéré comme une énigme évolutionniste.

Nous savons que la sélection des caractères sexuels dans de nombreuses espèces est souvent associée à un coût en termes de survie. Étonnamment, aucun modèle ne s’intéresse à ce coût évolutif dans notre propre espèce.

Les femelles humaines sont parmi les plus vulnérables parturientes du règne animal, principalement en raison de la difficulté du passage de la tête du fœtus dans le défilé pelvien.

La paléoanthropologie nous enseigne que le dimorphisme statural a diminué dans le genre « homo ». Cette réduction du dimorphisme peut être expliquée de deux façons. D’une part, une diminution de la taille des mâles par un certain relâchement de la compétition entre mâles. D’autre part, par l’augmentation de la taille des femelles. Il semble aujourd’hui que c’est ce deuxième facteur qui a été plus important. Cette croissance de la taille des femelles ayant été primitivement guidée par l’élargissement du pelvis.
Les obstétriciens ont été les premiers à constater que plus les femmes sont grandes et fortes, plus leur défilé pelvien est large.

Cependant, ce modèle hypothétique d’une réduction du dimorphisme sexuel peut être contredit par d’autres faits : 1/ le dimorphisme sexuel des chimpanzés n’est pas plus important que celui des hommes ; 2/ nous n’avons aucune donnée concernant un grand dimorphisme chez les hominidés.
Considérant le fait que la pression sélective contribue à l’augmentation de la taille de la femelle homo sapiens dans une famille d’espèces où le dimorphisme était déjà très faible, il peut sembler paradoxal que la taille de la femelle ne soit pas encore plus proche de celle de l’homme.

Quelles peuvent donc être les pressions sélectives qui ont maintenu la femme plus petite que l’homme ?
Des inégalités nutritionnelles dues au genre sont bien documentées en histoire, ethnologie et écologie du comportement.
La hiérarchie des genres est bien étudiée par l’anthropologie culturelle et se constate dans toutes les sociétés existantes.
Du point de vue sociologique, l’inégalité nutritionnelle peut être considérée comme une conséquence de la hiérarchie sociale.

Nous pensons qu’une hypothèse expliquant partiellement le dimorphisme sexuel de notre espèce par une inégalité des apports protéiques, n’est pas irréaliste dans une vision sur le long terme.

Nous observons également un très faible succès reproductif entre petits hommes et grandes femmes dans les sociétés européennes. La psychologie évolutionniste considère que ce fait peut constituer une cause supplémentaire de dimorphisme sexuel. Sociologiquement, l’idée que les hommes doivent obligatoirement être plus grands que leur femme, peut avoir un effet sur la hiérarchie des genres.

Bibliographie

Touraille P.
Dimorphisme sexuel chez homo sapiens
HBES. 23rd annual conference. Montpellier. July 2011

Touraille P.
Hommes grands, femmes petites : une évolution coûteuse. Les régimes de genre comme force sélective de l’évolution biologique.
Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2008, 441 p

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