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Rhume ou rhino-pharyngite

dernière mise à jour le 27/04/2016

I / Les mots et les faits

 

  • La rhinopharyngite est une maladie généralement virale, hivernale et bénigne qui consiste en une inflammation des muqueuses nasales et pharyngées.
  • On l’appelle aussi : coryza, rhinite ou rhume.
  • Il faut la distinguer de la rhinite allergique qui survient à n’importe quelle saison chez les patients identifiés comme allergiques.
  • Les symptômes usuels sont :
    • écoulement nasal clair et liquide au début, puis plus épais et plus coloré à la fin.
    • Température passagère et parfois céphalées.
    • Douleur du pharynx et parfois des sinus et des oreilles.
    • Eternuements et toux.
  • Chez l’adulte, comme chez l’enfant, les complications du rhume sont quasi inexistantes.
  • La formulation populaire : « j’ai la grippe » est fréquente. Pourtant un rhume n’est pas une grippe, même si beaucoup de grippes bénignes se présentent comme une rhino-pharyngite.
  • Tout adulte sain peut avoir une à deux rhino-pharyngites par an.
  • Tout enfant sain peut avoir trois à six rhino-pharyngites par an.


II/ Combattre les idées reçues

 

  • Les sécrétions nasales qui deviennent épaisses, marrons ou verdâtres ne sont pas une complication, mais un signe de guérison. C’est l’évolution normale des écoulements du nez.
  • Les douleurs des sinus sont également normales et signifient exceptionnellement une sinusite. La sinusite infectieuse véritable est très rare.
  • Le tympan rouge chez un enfant est normal et ne signifie pas qu’il y a une otite. Lorsqu’il y a une otite, elle est virale et ne nécessite pas un traitement antibiotique.
  • La bronchite est rarissime après un rhume. Ceux dont le rhume se transforme en bronchite sont des personnes qui ont déjà une pathologie bronchique connue ou de très gros fumeurs.
  • La toux est un symptôme normal et utile qui peut durer jusqu’à six semaines après la guérison complète du rhume. Elle est sèche et aucun traitement ne peut la faire disparaître.


III/ Les idées-forces

 

  • Il ne faut pas traiter un rhume, car tous les traitements avec ou sans ordonnance ont un rapport bénéfice/risque négatif. Même les médicaments en vente libre ou non remboursés.
  • Les seuls médicaments acceptables chez l’enfant comme chez l’adulte sont :
    • le paracétamol en cas de fièvre gênante.
    • le sérum physiologique par voie nasale pour les enfants.
    • il faut aussi boire beaucoup et éviter la fumée de tabac.
  • Le seul cas où il faut consulter le médecin est la rhino-pharyngite avec fièvre chez un nourrisson de moins de 6 mois.
  • Tout rhume guérit naturellement, sans aucun traitement, en 8 à 10 jours. Mais la toux peut persister encore quelques semaines.


IV/ L’espace d’éducation et de progrès

 

  • Tous les sirops : antitussifs, antihistaminiques, décongestionnants et mucolytiques ne sont pas plus efficaces qu’un placebo. Une cuiller de miel dans un peu d’eau a le même effet.
  • Tous ces sirops sont déconseillés chez l’enfant et présentent des complications parfois graves. Les antihistaminiques (chlorphéniramine, etc.) peuvent provoquer des convulsions, confusions, hallucinations, rétention urinaire, constipation, glaucome. Les terpènes exposent à des convulsions et confusions. Tous ces accidents sont beaucoup moins rares qu’on ne le croit.
  • En France, il y a environ trente décès par an chez des enfants ayant reçu un traitement pour le rhume (soit par excès de dosage, soit un traitement pour adulte donné par erreur). (Le nombre de décès par méningite est bien inférieur !)
  • Les vaso-constricteurs nasaux (phényléphrine, naphazoline, éphédrine, pseudoéphédrine, tuaminoheptane, oxymétazoline) sont toujours en vente libre. Ils sont interdits chez l’enfant et dangereux chez l’adulte. Ils ont de nombreux effets indésirables (hypertension, troubles du rythme, accidents vasculaires cérébraux, infarctus, rétention urinaire, convulsions, confusion, troubles de la conscience, céphalées, tremblements, anxiété, agitation, insomnie, etc.) Ils donnent aussi une dépendance grave et difficilement réversible.
  • Toutes les pulvérisations en forme de spray peuvent être mortelles chez l’enfant, quels que soient les médicaments qu’ils contiennent.


V/ Radio trottoir des erreurs quotidiennes

 

  • Je viens vous voir parce que je fais des sinusites chaque fois que je suis enrhumé. (Non, les véritables sinusites sont très rares, il s’agit d’une douleur des sinus, fréquente en cas de rhume)
  • Je viens parce que mon rhume est tombé sur les bronches. (Non, si vous n’avez pas de pathologie bronchique connue, il est normal de tousser pendant quelques semaines après un rhume. On considère la toux normale jusqu’à 6 semaines et aucun antitussif n’y changera rien.)
  • Je fais des rhumes sans arrêt toute l’année. (Il faut bien vérifier le nombre et la fréquence et s’il y en a beaucoup, il ne s’agit plus de rhino-pharyngite, mais d’une rhinite allergique.)
  • Comme ce n’était pas grave, j’ai donné des médicaments vendus sans ordonnance. (Grosse erreur, beaucoup de médicaments vendus sans ordonnance pour la rhinite et la toux sont dangereux, particulièrement chez l’enfant.)
  • Je n’ai pas donné de médicament, seulement des gouttes nasales. (Piège : les pulvérisations nasales, même vendues sans ordonnance, peuvent être très dangereuses chez l’enfant, et aussi chez l’adulte.)
  • Mais alors, pourquoi sont-ils en vente libre s’ils sont dangereux ? (C’est une bonne question, mais il n’y a, hélas, pas de réponse intelligente à cette question.)

Bibliographie

Prescrire rédaction
Vasoconstricteurs, intoxications d'enfants
Prescrire, janvier 2013, T 33, N° 351, p 25

Prescrire rédaction
Médicaments de la toux et du rhume, des effets indésirables trop graves face à des troubles bénins
Prescrire, octobre 2009, tome 29, N° 312, p 751-752

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