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Hypertension artérielle

dernière mise à jour le 13/03/2014

I / Les mots et les faits


  • Systole : moment où le cœur se contracte violemment pour envoyer le sang dans les artères.
  • Diastole : moment où le cœur se relâche ou se décontracte.
  • L’homme au repos a entre 50 et 80 systoles et autant de diastoles chaque minute. Ce nombre peut monter jusqu’à 200 à l’effort.
  • Tension artérielle : c’est le chiffre qui indique la pression du sang à l’intérieur des artères. Cette pression change à chaque diastole et à chaque systole. Elle varie donc environ 150 fois par minute au repos ! C’est pourquoi il y a toujours deux chiffres pour indiquer la pression artérielle, car il y a deux valeurs extrêmes qui alternent deux fois par seconde sans interruption.
  • Pression artérielle systolique : on écrit souvent « PAS ». C’est le premier chiffre, c’est le plus élevé, c’est celui de la pression au moment de la systole.
  • Pression artérielle diastolique : on écrit souvent « PAD ». C’est le deuxième chiffre, c’est le plus bas, c’est celui de la pression au moment de la diastole.
  • Unités de mesure : il y a plusieurs unités pour exprimer une pression. La pression atmosphérique se mesure en bar ou en pascal. La pression artérielle se mesure en hauteur de mercure dans une colonne.
    • Soit en centimètres de mercure : cmHg.
    • Soit en millimètres de mercure : mmHg.
    • En cmHg, on dira « douze / huit » ou « douze sur huit », on écrira 12/8 ou 12-8
    • En mmHg, on dira « cent vingt sur quatre-vingt », on écrira 120/80 ou 120-80
    • On n’écrit jamais 12,8 car c’est un seul chiffre décimal
    • Les spécialistes utilisent souvent les mmHg. Le grand public utilise plus souvent les cmHg. Les praticiens s’adaptent à leurs patients.
  • Hypertension artérielle : c’est lorsque les deux pressions, la systolique et la diastolique, sont considérées comme trop élevées par rapport à une norme définie par le corps médical. On dit et on écrit souvent : HTA.

II/ Combattre les idées reçues


  • L’hypertension artérielle (HTA) n’est pas vraiment une maladie, car elle ne donne aucun symptôme (sauf si elle est excessivement élevée, par ex : 240/120).
  • L’HTA est simplement un facteur de risque. Il y a donc seulement une probabilité de maladie cardio-vasculaire.
  • Lorsque l’on traite une HTA, ce n’est donc pas pour guérir ou soigner une maladie, mais pour essayer de diminuer la probabilité ou le risque futur de maladie cardio-vasculaire.
  • L’hypertension artérielle n’est pas héréditaire. Comme toujours, il est difficile de connaître la part génétique et la part acquise par l’hygiène de vie. On estime que la part génétique est inférieure à 30%, mais il ne s’agit pas d’une hérédité véritable. Les vraies hypertensions familiales héréditaires sont rarissimes.
  • L’hypertension ne dure pas forcément la vie entière. Elle peut disparaître. Contrairement à l’opinion courante, un traitement ne doit jamais être considéré comme définitif. Après un certain âge, on peut essayer d’interrompre le traitement pour vérifier sa réelle utilité (sauf en cas de grade 3). Beaucoup de personnes âgées font des chutes, car elles ont une pression artérielle trop basse qui continue à être traitée.

III/ Les idées-forces


  • La tension est normale jusqu’à 140/95. Au-delà, il y a HTA :
  • HTA modérée (grade 1) jusqu’à 160/100
  • HTA moyenne (grade 2) jusqu’à 180/110
  • HTA sévère (grade 3) supérieure à 180/110
  • Pour confirmer le diagnostic, il faut trouver une pression artérielle élevée lors de trois mesures à plusieurs jours d’intervalle. La pression doit se mesurer aux deux bras, en position allongée et après cinq minutes de repos.
  • Lorsque cela n’est pas fait correctement, il y a un risque de faire le diagnostic d’hypertension à tort.
  • L’hypertension seule n’est pas un important facteur de risque cardio-vasculaire, sauf si elle est de grade 3. Hélas, l’hypertension est rarement isolée.
  • Elle est souvent accompagnée d’un excès de poids et de diverses surcharges métaboliques (sucre, cholestérol).
  • C’est lorsqu’elle est accompagnée de plusieurs autres facteurs de risque cardio-vasculaire qu’il vaut mieux la traiter.
  • Les autres facteurs de risque cardio-vasculaire sont : obésité, sédentarité, tabagisme, diabète 1 et 2, hypercholestérolémie, alcool.
  • La consommation de sel est le premier facteur d’augmentation de la pression artérielle. Le café et la réglisse sont également néfastes.

IV/ L'espace d'éducation et de progrès


  • Plusieurs médicaments augmentent notablement la pression artérielle : corticoïdes, pilule contraceptive, l’amfébutamone, le méthylphénidate, les anti-inflammatoires, la phentermine, les antimigraineux (triptans), la sibutramine, les EPO, certains anticancéreux, des cosmétiques éclaircissants, etc.
  • La tension artérielle augmente aussi après les repas, avec le stress, les émotions, la douleur, le froid.
  • La diminution de consommation de sel, la perte de poids et un exercice physique régulier (ex : 1/2 heure de marche par jour), suffisent à éviter et à soigner la très grande majorité des hypertensions.
  • L’hypertension dite « de la blouse blanche » est un effet du stress chez le médecin. Il peut faire monter la pression de 10, 20, voire 30 mmHg ! C’est pourquoi on propose de plus en plus aux patients de prendre la tension eux-mêmes, au repos, à la maison.
  • En cas de réelle hypertension, il est important de vérifier qu’elle n’a pas une origine rénale. Il faut toujours vérifier l’état du rein.
  • On ne doit traiter qu’à partir de 160/95 si l’hypertension est isolée, et à partir de 140/80 si le patient est diabétique ou a déjà fait un accident vasculaire. Il faut traiter environ 100 hypertendus pour éviter un accident vasculaire.
  • Il y a de très nombreuses classes de médicaments antihypertenseurs. Les nouveaux médicaments ne sont pas forcément les plus efficaces, ni les moins dangereux.
  • Les diurétiques suffisent dans plus de 90% des cas. L’hydrochlorothiazide est le plus facile à utiliser et il est très bon marché.
  • Il nécessite simplement de doser régulièrement le potassium
  • Les médicaments de la famille des « IEC » peuvent être utilisés en cas d’échec.
  • Tous les autres médicaments méritent concertation et doivent être utilisés avec grande prudence.

V/ Radio trottoir des erreurs quotidiennes


  • On m’a dit que je devais faire un traitement à vie. (Le plus souvent, les traitements durent longtemps, mais il peut arriver que la tension se stabilise ; on peut alors envisager l’arrêt du traitement, surtout chez les personnes très âgées.)
  • C’est plus simple de faire un traitement que de changer ses habitudes de vie. (Certainement, mais aucun traitement n’est JAMAIS aussi efficace qu’une bonne hygiène de vie. Les traitements ont aussi des effets néfastes. Un traitement seul ne change guère la probabilité de maladie cardio-vasculaire, ni la mortalité, s’il n’est pas accompagné d’un minimum d’hygiène de vie.)
  • Pourquoi y a-t-il tant de médicaments, s’il suffit de manger moins de sel ou de faire de l’exercice ? (Parce que vous vous posez précisément cette question, et qu’il n’y a aucune raison pour que la médecine échappe à la logique marchande basée sur nos faiblesses de consommateurs.)
  • Je suppose que les nouveaux médicaments sont meilleurs que les anciens. (Non, c’est un énorme marché où la concurrence est rude. Le marché utilise toujours l’illusion du progrès. Même s’il y a plusieurs domaines où les nouveaux médicaments sont un réel progrès, dans le domaine particulier de l’hypertension, les diurétiques sont les plus anciens, ils sont aussi les plus efficaces et les moins dangereux.)

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