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Autodomestication : preuve génétique

dernière mise à jour le 09/12/2019

Première preuve génétique expérimentale de l'hypothèse d'auto-domestication humaine

Une nouvelle étude de l'Université de Barcelone révèle la première preuve génétique de l'auto-domestication d’Homo sapiens, une hypothèse selon laquelle les humains ont évolué pour être plus amicaux et plus coopératifs en sélectionnant leurs compagnons en fonction de leur comportement. Les chercheurs ont identifié un réseau génétique impliqué dans la trajectoire évolutive unique du visage humain moderne et de la prosocialité, lequel est absent dans le génome néandertalien.

Leur expérience est basée sur les cellules du syndrome de Williams, une maladie rare.

 

Un processus évolutif similaire à celui de la domestication animale

L'idée de l'auto-domestication humaine remonte au XIXe siècle. Elle suggère que les caractéristiques anatomiques et cognitivo-comportementales des humains modernes, telles que la docilité ou une physionomie gracile, pourraient résulter d'un processus évolutif présentant des similitudes significatives avec la domestication des animaux.

 

Le rôle clé des cellules de la crête neurale

Des recherches antérieures avaient révélé des similitudes génétiques entre les humains et les animaux domestiques. Le but de cette étude était d'aller plus loin et de fournir des preuves empiriques axées sur les cellules de la crête neurale. Il s'agit d'une population de cellules migratrices et pluripotentes - capables de former tous les types cellulaires d'un corps - qui se forment lors du développement des vertébrés avec une importance majeure dans le développement. Un léger déficit de cellules de la crête neurale a déjà été supposé être le facteur sous-jacent à la domestication animale. Les chercheurs se sont alors demandé si notre cognition plus prosociale et notre visage rétracté par rapport aux espèces humaines éteintes pouvaient résulter de changements affectant les cellules de la crête neurale.

Pour tester cette relation, les chercheurs se sont concentrés sur le syndrome de Williams, un trouble neurodéveloppemental humain spécifique caractérisé par des traits cranio-faciaux et cognitivo-comportementaux pertinents dans les processus de domestication. Le syndrome est une « neurocristopathie » c’est-à-dire un déficit des cellules de la crête neurale lors de l'embryogenèse.

Ils ont montré que le gène BAZ1B, qui se trouve dans la région du génome responsable du syndrome de Williams, contrôle le comportement des cellules de la crête neurale. Des niveaux plus faibles de BAZ1B diminuent la migration de la crête neurale, et inversement lorsque les niveaux sont élevés.

 

Comparaison des génomes humains et néandertaliens modernes

Les chercheurs ont alors étudié ce gène dans les génomes humains archaïques et modernes.

Les résultats ont montré que BAZ1B contrôle un nombre important de gènes accumulant des mutations à haute fréquence dans toutes les populations humaines actuelles alors que ce n’est pas le cas dans les génomes humains archaïques.

 

Une élégante façon empirique de tester les hypothèses évolutionnistes de notre espèce

Ces résultats ouvrent la voie à des études sur le rôle des cellules de la crête neurale dans la prosocialité et d'autres domaines cognitifs, mais constituent également l'un des premiers exemples d'un sous-champ potentiel pour tester les affirmations évolutionnistes. Cette recherche constitue l'une des premières études qui utilise des technologies empiriques de pointe dans un contexte clinique pour comprendre comment les humains ont évolué depuis la séparation avec les Néandertaliens. D’une façon audacieuse et élégante, les chercheurs ont utilisé une maladie rare (le syndrome de Williams) comme une fenêtre d’observation sur le développement neurologique atypique de notre espèce.

Bibliographie

Zanella M, Vitriolo A, Andirko A, Martins PT, Sturm S, O’rourke T, Laugsch M, Malerba N, Skaros A, Trattaro S, Germain PL, Mihailovic M, Merla G, Rada-iglesias A, Boeckx C, Testa G
Dosage analysis of the 7q11.23 Williams region identifies BAZ1B as a major human gene patterning the modern human face and underlying self-domestication
Science Advances 04 Dec 2019 : Vol. 5, no. 12, eaaw7908
DOI : 10.1126/sciadv.aaw7908

Médecine évolutionniste (ou darwinienne)

Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique

Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon en 2016.

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