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Adénome de la prostate

dernière mise à jour le 15/12/2014

I/ Les mots et les faits 

 

  • Urètre : canal d’évacuation de l’urine (entre la vessie et l’extrémité du pénis)
  • Prostate : glande située sous la vessie et entourant l’urètre à son début. N’existant que chez l’homme, elle participe à la production du sperme.
  • Miction : action d’uriner
  • Dysurie : difficultés et désagréments pour uriner.
  • Résidu post-mictionnel : urine restant dans la vessie après avoir uriné. On parle aussi de résidu vésical.
  • Globe vésical : Symptôme d’une vessie pleine ne pouvant plus se vider. Le médecin perçoit ce globe en palpant le ventre.
  • Rétention urinaire : impossibilité d’uriner par blocage de l’urètre (à ne pas confondre avec l’anurie qui est une absence d’urine due au rein).
  • Adénome de la prostate : augmentation de volume de la prostate survenant avec l’âge. Les termes absolument synonymes sont : hyperplasie bénigne de la prostate, hypertrophie bénigne de la prostate (HBP). (Les spécialistes utilisent aussi adénomyome et adénofibromyome)
  • Adénomectomie : opération chirurgicale consistant à enlever l’adénome (à ne pas confondre avec la prostatectomie radicale qui enlève toute la prostate)
  • L'HBP concerne 3% à 10% des hommes de 50 ans, et 25% à 40% des hommes de 80 ans.
  • IPSS : score utilisé par les médecins pour évaluer la gravité des symptômes (international prostate symptom score)

 

II/ Combattre les idées reçues

 

  • Il n’y a aucun rapport entre le volume de l'adénome et les symptômes ressentis par le patient. Une grosse prostate peut ne donner aucun symptôme et un petit adénome peut être très gênant.
  • Il n’y a aucun rapport entre l’adénome de la prostate et le cancer de la prostate. On peut avoir un gros adénome sans cancer, un cancer sans adénome. Parfois, il y a les deux, mais c’est souvent sur deux parties différentes de la glande. L’adénome survient sur la partie centrale (crâniale) de la glande, le cancer sur la partie périphérique (caudale).
  • Il n’y a que 5% des hommes porteur d’une HBP qui ont des symptômes sévères.
  • Beaucoup d’hommes peuvent avoir des troubles urinaires sans aucun rapport avec l’adénome de la prostate (on appelle cela l’hyperactivité de vessie idiopathique).
  • L’adénome n'augmente pas le risque de cancer.
  • L’adénome ne nécessite pas de surveillance plus attentive du cancer.

 

III/ Les idées forces

 

  • Les symptômes habituels sont :
    • Dysurie : impression d’être obligé de «pousser», le jet est faible, impression de vessie encore pleine, interruption en cours de jet, parfois douleur.
    • Pollakiurie (mictions fréquentes et de faible abondance) d'abord la nuit, obligeant à se lever, puis survenant aussi le jour à un stade avancé
    • Miction impérieuses (envies urgentes d'uriner), fuites urinaires.
    • Envie d'uriner une nouvelle fois (moins de deux heures après avoir uriné)
    • Rétention aigue d'urine (à un stade avancé de la maladie)
  • Tous ces symptômes évoluent par poussées périodiques.
  • Le médecin perçoit le volume de la prostate en faisant un toucher rectal. Dans le cas d’un adénome de la prostate, ce volume est augmenté. Il peut sentir aussi le globe vésical à un stade avancé de la maladie.
  • L’échographie par voie sus pubienne est le plus simple moyen d’apprécier le volume de la prostate et le volume du résidu post-mictionnel.
  • Un gros résidu vésical peut favoriser des infections et calculs urinaires.
  • La rétention aiguë d’urine impose de poser une sonde en urgence.
  • La rétention chronique d’urine est la complication la plus ennuyeuse, car elle est peut n’entraîner aucun symptôme dans un premier temps et peut retentir sur les reins. Seul le médecin peut la diagnostiquer et la surveiller

 

IV/ Espace d’éducation et de progrès

 

  • On ne connaît pas la cause précise d’augmentation de volume de la prostate. On peut la comparer à l’augmentation de volume de l’utérus (fibrome) chez la femme.
  • Certains médicaments ont une légère action contre la dysurie : extraits de prunier d'Afrique, extrait de palmier nain d'Amérique, alpha-bloquants. Ces médicaments n’ont pas d’effets secondaires
  • Les inhibiteurs de la 5 alpha-réductase (finastéride, dutastéride) ont aussi une faible efficacité, mais ils ont plus d’effets secondaires (anéjaculation, hypotension, impuissance, perturbation du test PSA).
  • D’autres médicaments aggravent la dysurie et peuvent provoquer une rétention urinaire (atropiniques ou anticholinergiques), par exemple : antiparkinsoniens, antiallergiques, vasoconstricteurs nasaux, anti nauséeux, etc.)
  • Une rétention aiguë d’urine peut être favorisée par une anesthésie, une infection urinaire, une constipation.
  • Le seul traitement efficace de l’HBP gênante est la chirurgie. On la réserve aux patients ayant des symptômes gênants : une forte dysurie, des envies fréquentes d’uriner le jour et/ou la nuit, un gros résidu mictionnel, une rétention aiguë ou des complications rénales.
  • L’intervention n’enlève pas toute la prostate, mais seulement l’adénome (adénomectomie). On la réalise aujourd’hui le plus souvent par voie endoscopique (en passant par l'urètre).
  • L’ablation endoscopique par laser (vaporisation ou énuclation) est considérée aujourd’hui comme aussi efficace que la chirurgie endoscopique.
  • Certains proposent une ablation endoscopique par radiofréquence, plus simple, mais qui doit être répétée tous les 3 à 5 ans.
  • Après l’opération, il peut y avoir quelques hématuries (sang dans l’urine), il y a toujours une éjaculation rétrograde (le patient éjacule dans sa vessie).
  • La complication la plus grave de la chirurgie est l’incontinence urinaire (1% des cas).
  • La complication la plus fréquente de la chirurgie est le rétrécissement (sténose) de l’urètre (15% des cas)

 

V/ Radio trottoir des erreurs quotidiennes

 

  • Je ne veux pas me faire opérer, car j’ai peur de l’incontinence urinaire. (L’incontinence survient dans seulement 1% des cas après l’intervention. La complication tardive la plus fréquente est la sténose de l’urètre (15% des cas) et elle est étrangement moins connue !)
  • On m’a opéré de la prostate, je n’aurai donc plus de cancer. (Tout dépend de l’opération subie, si c’est une adénomectomie, un cancer peut survenir sur la prostate restante. On ne fait de prostatectomie radicale qu’en cas de cancer diagnostiqué avec certitude.)
  • Pourquoi ne pas tout enlever d’un coup pour éviter le cancer (non, la prostatectomie radicale est une intervention sévère que l’on ne pratique qu’en cas de cancer avéré)
  • J’ai des difficultés à uriner, j’ai peur du cancer. (La dysurie provient plus certainement d’un adénome et il n’y a aucun rapport entre cancer et adénome)
  • J’ai peur de devenir impuissant après l’intervention. (L’impuissance n’est pas une complication de l’adénomectomie, mais seulement de la prostatectomie radicale. Par contre votre puissance après adénomectomie suivra le cours normal de la sexualité correspondant à votre âge et, d’une manière générale, cela ne va pas en s’améliorant !)
  • On m’a dit que des médicaments pour l’adénome pouvaient empêcher l’apparition d’un cancer. (Aucun médicament ne peut prévenir un cancer de la prostate)
  • J’ai une grosse prostate, je préfère me faire opérer tout de suite. (Non pourquoi opérer si vous n’avez pas de symptômes, le volume de la prostate est sans rapport avec les symptômes. Ce ne sont que les symptômes gênants qui font décider une intervention.)

Bibliographie

Hypertrophie bénigne de la prostate
http://urofrance.org/congres-et-formations/formation-initiale/referentiel-du-college/hypertrophie-benigne-de-la-prostate.html

Hypertrophie bénigne de la prostate
http://www.andrologue.com/articles/prostate/hbp_1.pdf

Hypertrophie bénigne de la prostate
http://urologie-chu-mondor.aphp.fr/_poles_cliniques/hypertrophie%20benigne%20prostate.pdf

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