lucperino.com

Biais sexuel dans les maladies auto-immunes pédiatriques

dernière mise à jour le 17/01/2017

Les maladies auto-immunes affectent jusqu'à 10% de la population mondiale et environ 80% des personnes touchées sont des femmes. La majorité des maladies auto-immunes sont plus fréquentes chez les femmes, bien que certaines soient plus fréquentes chez les hommes, tandis que d'autres ne montrent aucun biais de sexe. Les mécanismes menant à une prévalence biaisée par le sexe ne sont pas bien compris. Cependant, pour les maladies auto-immunes chez les adultes, au moins une partie de la cause est généralement attribuée aux hormones sexuelles. Car les niveaux d'hormones sexuelles sont l'une des différences physiologiques les plus évidentes entre les mâles et les femelles adultes et que leur impact sur le système immunitaire est bien connue.

Alors que pour les maladies auto-immunes à début pédiatrique un biais sexuel n'est pas aussi fréquent, il existe plusieurs de ces maladies pour lesquelles un sexe prédomine. Par exemple, le sous-type oligoarticulaire de l'arthrite juvénile idiopathique (JIA) se produit chez environ trois fois plus de filles que de garçons, avec un pic bien avant l'apparition de la puberté, et à un moment où les niveaux d'androgène et d'œstrogène sont faibles et pas très différents entre les sexes. Cet article passe en revue les explications possibles pour le biais sexuel des maladies auto-immunes avec un  accent particulier sur les maladies auto-immunes pédiatriques et les mécanismes en dehors des différences hormonales sexuelles.

La maladie de Crohn touche 2 fois plus de garçons. La dermatomyosite juvénile touche 2,5 fois plus de filles. La sclérose juvénile systémique touche 4 fois plus de filles, la spondylarthrite ankylosante et l’œsophagite à éosinophiles touchent 3 fois plus de garçons.

Il semble y avoir des effets directs des chromosomes sexuels, hors de leur rôle de détermination des gonades et des hormones sexuelles. Chez les filles il peut s’agir d’une inactivation partielle d’un chromosome X. Il semble aussi exister des effets épigénétiques propres à chaque sexe. Plusieurs autres facteurs sont certainement en cause, comme un microchimérisme fœtal à expression différente selon le sexe.

Bref, bien que plusieurs mécanismes sous-jacents à ces biais aient été proposés, les tentatives approfondies pour les comprendre sont encore insuffisantes. Nous avons cependant la certitude que l’implication des hormones sexuelles est loin d’être la seule.

Bibliographie

Chiaroni-clarke RC, Munro JE, Ellis JA
Sex bias in paediatric autoimmune disease - Not just about sex hormones?
Journal of Autoimmunity 69 (2016) 12e23

Médecine évolutionniste (ou darwinienne)

Depuis quelques années, le problème de l'antibiorésistance, les progrès de la génomique, la redécouverte du microbiote et la prise en charge de maladies au long cours, nécessitent l'introduction d'une pensée évolutionniste dans la réflexion clinique

Le premier diplôme universitaire intitulé "Biologie de l'évolution et médecine" a été mis en place à la faculté de Lyon. Voir ICI

Lire les chroniques hebdomadaires de LP

Vous aimerez aussi...

Le gène de l'homme moderne - Pour savoir ce qui nous rend différents de nos plus proches parents les Néandertaliens et les [...]

Sommes-nous moins intelligents que nos ancêtres ? - Fin 2013, une équipe internationale avait publié dans la revue Intelligence un article qui [...]

Microenvironnement tumoral : rôle de la pression - L’approche évolutionniste du cancer ne cesse d’apporter son lot de surprises. Nous savons [...]

Rapport entre homicides et taille des groupes sociaux - Un magnifique article de Dunbar : Gérer le stress de la vie en groupe lors de la transition vers [...]

Pourquoi les humains ont perdu leur fourrure ? - Les théoriciens de l'évolution ont avancé de nombreuses hypothèses sur les raisons pour [...]

Livres de biologie et médecine évolutionnistes

Du bon sens dans notre assiette - Anthony Berthou ▪ Actes Sud, février 2023 Les ouvrages sur la nutrition abondent, et [...]

Comment nous sommes devenus ce que nous sommes - David Reich ▪ Quanto, 2019 La science de l'ADN ancien, née dans les années 2000, a [...]

Destinées improbables
Le hasard, la nécessité et l'avenir de l'évolution
- Jonathan B Losos ▪ La Découverte, 2021 Ce livre aborde trois aspects de la biologie de [...]

L'origine des troubles mentaux - Randolph Nesse ▪ Markus Haller, 2021 Randolph Nesse et George Williams ont été les premiers [...]

Sentir et savoir - Une nouvelle théorie de la conscience - Antonio Damasio ▪ Odile Jacob, 2021 Ce livre reprend et résume les recherches et les idées [...]

Vous aimerez aussi ces humeurs...

Splendeur et misère des plaques d’Alzheimer - La démence sénile, longtemps considérée comme une banale dégénérescence – ni [...]

La surdité change de camp - Après les obus de la guerre et les usines qui ont assourdi nos parents, voici venir le temps de [...]

Hépatoscopie pronostique - Dans la médecine mésopotamienne, l’hépatoscopie n’avait rien d’un examen [...]

L'énigme du colostrum - Il est communément admis que la sélection naturelle a conduit chaque espèce à une [...]

Personnalisation sans individu - Toute décision thérapeutique s’appuie sur trois composantes. La première est évidemment [...]

Haut de page