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Fantaisies de patchs

Posté le 14/02/2020 par Luc Dussart

Toujours aussi heureux de vos papiers inspirants et acidulés comme un citron vert. C'est en 2005 que j'avais demandé à rencontrer le pape de la tabacologie française, feu Pr Robert Molimard, pour lui présenter mon modèle expliquant pourquoi "les patchs gagnent pas le match". A l'époque chargé de la formation en Tabacologie en DIU, il n'exprimait pas de réticence à ses produits. J'ai humblement le sentiment de lui avoir fait retourner sa veste, le facteur prédominant restant son souci d'indépendance financière et intellectuelle de Big Pharma.

J'aurais aimé lire dans les références de votre papier celles confirmant l'inefficacité des patchs de nicotine : elles ne manquent pas ! En cherchant bien, on le retrouvera dans mon blog (en jachère depuis quelque temps certes) UnAirNeuf.org. Son sous-titre est précisément "Les patchs gagnent pas le match"...

Même si ce genre d'article a du mal à percer dans les revues 'scientifiques', à plusieurs reprises, Molimard a expliqué que la nicotine contribuait à instaurer une dépendance mais qu'elle n'était pas nécessaire au maintien de celle-ci [1]. C'est intéressant parce que le problème du fumeur n'est pas d'arrêter - je l'ai fait une dizaine de fois sans effort surhumain - mais de rester abstinent de tabagisme. Voir par ex. son avant dernier papier :
La cigarette électronique et les dangers méconnus de la nicotine

Cela ma semble tout à fait susceptible d'expliquer pourquoi tant de vapoteurs et de vapoteuses (dont ma charmante conjointe) continuent de vapoter assez régulièrement même des liquides sans nicotine.

C'est simple : les patchs de nicotine facilitent pas l'arrêt durable. Leur durée d'utilisation dans la vie réelle est de l'ordre de 3 semaines, et on ne redevient pas un non-fumeur dans ce délai. Pour ma part j'ai gagné ma vie quelques années en tant qu'intervenant des les grandes entreprises pour aider les salariés fumeurs à sortir de leur dépendance. Avec un certain succès - les grandes entreprise n'ont pas l'habitude de solliciter des charlatans de façon répétée... - par groupes dans ce qui pouvait tout à fait être imputé au budget Formation des DRH.

Je demandais explicitement à mes candidats à l'arrêt de NE PAS avoir recours aux so-called 'substituts nicotiniques' (qui sont en fait de la nicotine en non un remplacement de celle-ci). ET je m'engageais, auprès des donneurs d'ordre et leurs services médicaux d'entreprise associés à REMBOURSER EN CAS D’INSUCCÈS à l'horizon de trois mois. Je ne connais qu'un cas de client ayant cessé de fumer en ayant eu recours à ces gadgets, et encore durant moins d'une semaine. Je suivais en cela les recommandations de Allen Carr, villipendé par son altesse Dautzenberg mais dont Molimard m'a demandé à plusieurs reprises de présenter les résultats de sa 'méthode' durant son cursus de DIU. Rendons à César ce qui est à César, Allen Carr avait découvert que la nicotine ne créait pas de manque insurmontable et j'avais eu l'occasion, avant de me mettre à mon compte de vérifier l'efficacité remarquable de sa méthode EasyWay. Je n'ai pas fait mieux en m'en écartant soit dit en passant, malgré mon ambition !

Se passer de nicotine pharmaceutique pour améliorer ses chances de succès ? Cela semble ni catholique ni orthodoxe. C'est la raison pour laquelle j'ai tenté une explication, que je suis allé présenter en 2005 à Pr Molimard (qui est devenu un ami par la suite).

Permettez-moi de citer une une présentation faite à l'époque lors des conférences Comundi à des médecins du travail. Sauter tout le bla-bla et afficher seulement les schémas de Le défi de l'élimination du tabagisme :
• n° 46 : la nicotine régule l'humeur
• n° 47 : S'exposer aux envies de fumer
Je reprenais ces informations auprès des fumeurs candidats pour leur expliquer ma logique :

1°) Quand on cesse l'alimentation en nicotine on a des 'envies'

2°) le manque de nicotine ne fait mal nulle part, à personne, même la nuit ou la matin au réveil (quand on a parfois hâte de s'en griller une avec le café)

3°) Ces envies ne sont qu'un signal dans le cerveau, cela n'a pas d'amplitude (en d'autres termes l'intensité d'une envie, cela n'existe pas, il y a signal - ou pas - mais ce signal n'est pas modulé en amplitude. Il le sera en fréquence (cf radio AM/FM)

4°) Le nombre d'envies liées au manque verra sa fréquence diminuer rapidement. Au bout de huit jours, un fumeur toujours abstinent ne ressentira que DEUX à TROIS envies dans la journées. J'ai des milliers de témoins si vous n'y croyez pas.

5°) La fréquence des envies liées au 'manque' continue de baisser avec le temps. Au bout de trois semaines, elles ont disparu. Au total il y en aura eu une cinquantaine.

6°) Après trois semaines (cela peut varier mais peu), vont survenir des envies de fumer liées à un état émotionnel inhabituel : généralement coup de blues chez les femmes et grosse teuf chez les hommes. Quand on dit cela aux fumeurs, ils se reconnaissent... Bref la reprise de la cigarette a pour but de faire baisser l'état émotionnel, car la nicotine en avait réduit la bande passante.

7°) La vie est faite de hauts et de bas, on ne peut échapper à une envie occasionnelle à l'avenir (et en général plusieurs pendant au moins deux décennies).

8°) Pallier la sensation de manque en prenant de la nicotine pendant les trois premières semaines permet au fumeur d'esquiver l'apprentissage du 'FAIRE FACE' aux envies. Quand une occasion se présentera, il sera plus démuni que quelqu'un s'étant entraîné à surmonter une envie passagère (elles sont toutes passagères, mais leur fréquence décroit très vite comme on l'a dit).

9°) Les théories de l'apprentissage, qui sont à la base de mon protocole, permettent de penser que 50 entraînement dans une tâche permettent une appropriation durable.

10°) Donc les 50 envies de fumer pendant trois premières semaines doivent être mises à profit pour doter le fumeur d'une capacité durable à faire face aux envies occasionnelles à venir.

11°) En conclusion, l'apport de nicotine, vendu pour soulager un prétendu 'manque' est à proscrire en vue d'un arrêt durable. Il crée une crainte infondée de douleur.

Bien évidemment la formation proposait l'entraînement à quelques "gestes mentaux" permettant au fumeur de ne pas stresser lors de la survenue d'une envie et au contraire de se sentir renforcé par avoir réussi à 'la laisser passer'. Encore une fois, il s'agit seulement d'un signal subtil dans le cerveau (je serais curieux de savoir comment le cerveau procède d'ailleurs pour le faire parvenir au conscient).

Cet entraînement, c'est comme pour le vélo ou le ski : le subconscient l'enregistre et ne l'oublie pas. Je me tiens à votre disposition pour développer sur le rôle primordial et nécessaire du subconscient dans tout le processus, du début à la fin. Horreur : cela ne relève pas de la médecine par les preuves, et je crains que la médecine ait quelques prétentions injustifiées dans sa compétence à aider.

Globalement à trois mois la moitié des fumeurs (salariés a priori en bonne santé mais pas mal usant de saloperies de Big Pharma pour tenir) restaient abstinents. Et, comme lors de sessions Allen Carr - en trichant un peu sur le protocolLuc DUSSART
Ce - je remboursais les personnes n'y étant pas parvenues. Si Big Pharma devait rembourser ses clients en cas d'échec, alors il n'y en aurait plus en vente ! Je connais certes quelques personnes, dont mon autre ami Dominique Dupagne, qui y ont eu recours avec succès. Je crains de constater que cela aura été au prix d'une sévère prise de poids généralement. Leur taux de succès n'est pas significativement différent de celui des arrêts francs : UnAirNeuf.org cite quelques études de référence, dont certaines censurées par la suite...

Pour être exhaustif, si je ne suis pas favorable au recours à la nicotine pharmaceutique, l'efficacité de la cigarette électronique est très clairement majorée par le recours initial à des liquides nicotinés. Merci de m'avoir suivi jusqu'à maintenant et permettez que je m'abstienne de développer pourquoi cela : le papier de Molimard en références laisse entrevoir quelques pistes intéressantes.

Bien cordialement, et encore toutes mes félicitations pour votre laborieux travail de désintoxication,

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― Alain Froment

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