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La probité à l'épreuve des certificats

Posté le 14/04/2024 par Nicole Tanné

Bonjour Luc.

Je voudrais (pour une fois) apporter un bémol à votre billet.
Il est vrai que le certificat médical est devenu une formalité à dimension variable et sans véritable signification. Mais on peut pointer et déplorer deux origines complètement distinctes de ce phénomène.

- La première est médicale : : la profession a été négligente dans la transmission des valeurs éthiques et de la signification de la parole médicale. Le certificat peut établir des faits objectifs constatés, que seul le médecin peut établir. Mais il est est maintenant fréquemment utilisé pour soutenir la parole d'une personne, comme si le médecin prenait parti et disait "mon patient a raison" . Ceci est un dévoiement . Le médecin doit certifier ce que la personne lui a dit , uniquement, et même - ce que ne savent souvent pas les jeunes médecins - si cela ne correspond pas à ce qu'il pense. On doit par exemple décrire des lésions et écrire ce que la personne a dit , même si on pense que ce n'est pas exact. Nombre de médecins se sont fait condamner sur ce point parce que le certificat qu'ils avaient rédigé par exemple dans des affaires de divorce présentait comme des faits établis ce qui avait été dit au médecin, et qu'il n'avait donc plus aucune valeur. Le médecin ne peut certifier que ce qu'il a lui même constaté ou entendu. Ces exigences sont trop souvent ignorées ou oubliées.

- La seconde est sociétale au sens où la société elle même - et les règlementations qu'elle accepte - annulent maintenant toute la portée d'un certificat médical , par une action administrative ou une simple circulaire , sans même se donner la peine d'une argumentation scientifique. Comment mieux illustrer cet abus de pouvoir qu''en rappelant que les certificats de contre indication au moment de la vaccination n'étaient pas pris en compte et que même la mention d'un choc anaphylactique à la première injection n'annulait pas la suite ? Même un fait objectif - et porteur de risques avérés - était nié : les instructions des cabinets conseils transposées telles quelles en circulaires DGS annulaient l'avis médical.
La décision médicale ayant perdu toute portée , et le médecin n'étant plus libre de ses prescriptions, il est devenu de facto irresponsable, et on peut maintenant l'utiliser sans problème comme un exécutant.
Rappelons que, dans des temps pas si anciens, la liberté de prescription était garantie par la loi et mentionnée dans tous les contrats de travail des médecins , et qu'elle les rendait responsables des conséquences de leurs prescriptions. Une liberté pour une responsabilité. Ce fondement de droit ayant disparu, le certificat devient un gadget.

Nous ne pouvons pas déplorer les conséquences de nos propres négligences. Si le corps médical avait été conscient de ses droits et de ses devoirs, on n'aurait jamais pu lui imposer de soigner sur ordre. La société est coupable, cela s'analyse sur le plan politique , mais ne dédouane pas les médecins d'avoir tout accepté - ni ses autorités professionnelles d'avoir été complices, et de l'être encore.

Voilà les réflexions que m'inspirent les considérations sur le mésusage des certificats médicaux . Je reste par ailleurs toujours votre admiratrice pour la pertinence de vos billets , aussi savants que plaisants à lire .

Très confraternellement .
Nicole Tanné

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